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Pont d'Ain

Comme chaque été, la plaine du Secteur Lambda voit naître de nombreux feux dans ses bordures - de jardins, rivières, cabanes et carrières. A cause du plan canicule, c'est sûr, on se fait un peu plus discret ce mois-ci. Mais c'est incontrôlable. Quand il fait chaud, on a envie que ça brûle.

Il y a ceux qui font des barbecues, et ceux qui ne cherchent pas l'utilité. Ces derniers attendent la nuit, en maillot de bain dans les fourrés. Avec la lampe de leur portable, ils ramassent des branches pendant que d'autres installent un campement sur les galets. Et que d'autres encore s'égarent dans le noir, volontairement ou non. Pas assez de monnaie pour les marshmallows, tout est passé dans le pack de bières, dont les bouteilles se décomposent dans l'eau, le cul au frais. Il n'y a rien à griller. Simplement l'envie de regarder un feu se consumer. L'alimenter parfois, parce qu'on n'a pas encore sommeil. Approcher la main un peu trop près. Voir le visage des autres, par intermittence.

Si on pouvait prendre de l'altitude, ces feux d'été formeraient, vus d'en haut, une drôle de galaxie. On pourrait relier les points. Etablir des théories sur les zones d'amitiés, de premières amours, de défonce ou de baston improvisée - toutes ces no-go-zones pour papa-maman, qui semblent émettre des appels : c'est là que ça se passe !