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Pont d'Ain

Quand on n'avait pas le courage, ou besoin de peu de choses, on allait juste au Super U de Pont d'Ain. Maman mettait de l'essence à l'une des deux pompes disponibles pendant qu'on allait acheter trois tomates et des biscuits en serrant la monnaie dans nos petites mains. Sauf lorsqu'il pleuvait. Là, elle se débrouillait toute seule, et c'était long de l'attendre dans la voiture, à regarder passer les convois de train le long de l'entrepôt. Depuis, le Super U a été déplacé dans la plaine. Sa façade en taule est décorée d'une grande croix de Savoie. L'ancien bâtiment abrite désormais un combiné garage automobile et cave, ce qui résume assez bien l'activité commerciale pondinoise. La ville n'est pas un lieu où les gens s'arrêtent, mais plutôt une sorte d'étape qui peut permettre dans certains cas de franchir la rivière d'Ain. On ne s'est jamais vraiment intéressé à la clientèle du camping de l'Oiselon, mais je crois que ce sont plutôt des routiers. Ou alors, des gens qui se sont perdus.

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Les jours de pluie, un quart du parking se transformait en pataugeoire. Selon l'affluence, se garer devenait un réel défi de vitesse et de stratégie. Enfant, la seule joie d'accompagner Maman était de négocier le maximum de temps au petit rayon librairie, qui, entre les ouvrages de la Bibliothèque verte, les Chair de poule et quelques Pocket, offrait au final peu de choix. J'ai réalisé des années plus tard qu'à l'arrière de l'abri à caddies se trouvait un passage permettant de rejoindre à pied la rue Saint Exupéry.

Bourg-en-Bresse

Avant notre entrée au lycée, les occasions d'aller en ville se réduisaient au besoin d'y faire des courses. Souvent, nous ne dépassions pas les grandes surfaces qui étaient implantées à leur entrée. On y trouvait tout ce dont on avait besoin. L'immense choix de céréales format pocket, de nouveaux écouteurs pour mon walkman au rayon électroménager, des chaussures et autres T-shirt Tex pour nos look de garçons manqués, un ou deux jolis timbres à la Maison de la presse. Le grand Carrefour avait fait construire une passerelle qui permettait de rejoindre la médiathèque de Bourg sans risquer de se faire écraser sur l'une des voies qui contournent le centre de la ville. Après le remplissage de chariots, nous avions donc droit à une pause culturelle.

Avant sa destruction récente, on pouvait aussi aller chez Leclerc. Un route campagnarde et rassurante permettait à certaines personnes, comme mon grand-père, d'aller y acheter des pointes sans prendre la Nationale. Parfois ils y allaient le samedi matin, histoire d'en faire une vraie sortie.

L'autre jour deux jeunes garçons traînaient dans les ruines du supermarché, devant le carrelage bleu du rayon boucherie. Un peu émus, ils prenaient quelques images avec leur portable d'un endroit qui avait représenté toute leur enfance.